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Dimensions – 4D et plus Nous évoluons dans un monde
à trois dimensions. Dire que le temps doit être considéré comme une quatrième dimension, passe
encore, mais dire que l'espace compte en fait quatre dimensions, c'est plus dur à
imaginer. Nous allons donner quelques
pistes aidant à comprendre l'existence d'une quatrième dimension. |
Anglais:
fourth-dimensional geometry
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Chacune des dimensions est engendrée en translatant un objet de
la dimension du niveau juste inférieur. La translation d'un objet en 3D engendre un objet en 4D. Un cube et sa trace de translation
forme un hypercube. Dessiné sur une feuille, donc en 2D, nous concevons bien la forme du
cube 3D. Par contre, la représentation d'un objet 4D, comme l'hypercube, sur
la feuille de papier 2D ne nous parle pas du tout. Nous allons essayer se trouver quelques artifices pour toucher du
doigt cette dimension. |
Passer d'une dimension à la suivante consiste à faire
glisser un objet de dimension inférieure et d'en garder la trace. Passer à la quatrième dimension consiste à garder la
trace du déplacement d'un objet à trois dimensions. |
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Le cube seul peut être vu soit avec la face ocre vers nous (le cube s'enfonce
vers la droite) ou la face bleue vers nous (le cube s'enfonce vers la auche). Sur la frise, les cubes peuvent aussi être vus de deux manières: Les faces
colorées sombres forment un mur vertical en zigzag; ou
Les faces
jaunes sont verticales et en avant; les faces colorées sombres forment alors
un chemin "horizontal" en dents de scie. Cette vision nécessite
souvent le plus de concentration. Le basculement d'une vision à l'autre ne peut s'expliquer que par une
rotation dans la quatrième dimension et une réflexion en 3D. Illusions
d'optique due au cristallographe Albert Neckert (1832). En théorie de la connaissance: nous voyons un
cube, mais en réalité, il n'y a pas de cube; seulement une figure en deux
dimensions formées de 12 segments. |
Image ambigüe du cube Frise avec cubes de Necker Merci à Pauline (10 ans)
pour son dessin |
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Compte tenu de la difficulté à imaginer la quatrième dimension à
partir de notre monde à trois dimensions, nous allons "descendre"
dans le monde à deux dimensions et tenter d'imaginer le monde à trois
dimensions. Dans ce monde à deux dimensions (images de droite) tout est plat. Le
mot épaisseur n'existe pas. Cette notion est inexistante, inimaginable. Nous sommes dans ce monde 2D et
soudain un cercle se met à
grossir à côté de nous. Il passe par un maximum, puis se rétrécit et enfin
disparaît. Quèsaco? Tout simplement une balle, une sphère. Un facétieux personnage
habitant le monde 3D vient de faire traverser notre monde 2D tout plat par
cette sphère. Notre seule perception en est le cercle dessiné dans notre
monde 2D sans épaisseur. |
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Cette
analogie figure dans le célèbre livre Flatland de E. Abott à la page 98 |
Charles Hinton, imagine lui,
une spirale qui traverse le
pays plat. Les habitants observent un point qui se déplace le long de la
circonférence d'un cercle imaginaire. |
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Avez-vous déjà bien observé votre double dans le miroir? C'est votre frère jumeau mais totalement inversé! Imaginez seulement une main du monde plat (2D)
vue dans le miroir. Aucune possibilité de passer de la main gauche à la main
droite par translation et rotation dans le monde plat 2D (en restant sur la
feuille). Par contre, un génie du monde 3D que vous ne pouvez pas connaitre ni
imaginer (vous êtes un 2D), va lui, penser que c'est simple comme bonjour. Il
va faire pivoter la main gauche autour de l'axe pointillé et, en passant dans
le monde 3D, cette main atterrira sur la main droite en se superposant
parfaitement. Revenons au monde 3D, mes mains ont une épaisseur. Comment passer de
la main gauche à la main droite. Par rotation de la main gauche? Non, mes mains vont se retrouver paume
à paume ou dos à dos, mais dans la même position. Un génie du monde 4D que vous ne pouvez pas connaitre arrive et ne
voit pas du tout la difficulté. Il fait pivoter la main gauche dans la
quatrième dimension et celle-ci se retrouve être exactement ma main droite. Pour obtenir de ma main gauche qu'elle devienne exactement ma main
droite, il faudrait imaginer qu'elle est comme un gant en caoutchouc que l'on
retournerait. Pour cela, il faudrait que ma main gauche se désintègre et que chaque atome reprenne une place symétrique lors de la
reconstitution. Alors cette nouvelle main serait une main droite. |
En négligeant l'épaisseur des mains, une simple rotation autour de
l'axe permet de passer d'une main à l'autre. Essayez: paumes vert le haut, vous refermez simplement les mains pour
les retrouver en mains-jointes. Oui, mais, elles restent symétriques (paume
contre paume) et non pas identiques! Vous n'êtes pas le génie. |
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En géométrie, on
connait l'hypercube
(tesseract) ou l'hypersphère. La
quatrième dimension s'applique évidemment à toutes les formes géométriques.
Les mathématiciens savent également se projeter dans la cinquième dimension,
la sixième, … Dans ces mondes, les
surfaces sont des variétés géométriques (anglais: manifold). Variété 1 = courbe Variété 2 = surface Variété n = surface dans le
monde à n dimensions. Impossible à représenter graphiquement. Et les volumes sont des polytopes. |
Hypercube développé (patron) |
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Dimensions et leur vocabulaire Note: le mot glome pour une hypersphère en 4D est plutôt
anglais. Voir Géométrie – Index, pour les autres noms de ce tableau. |
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Les géométries
Selon le postulat
de départ, il existe trois
géométries différentes. Chacune peut s'appliquer
aux trois dimensions habituelles ou être étendues à des dimensions
supérieures. |
En algèbre, les quaternions
caractérisent un monde à quatre dimensions comme les nombres complexes le font pour
deux. |
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En théorie des nombres,
le groupe
monstre s'élève dans un monde à 196 884 dimensions! Représentation (à droite) du
groupe E8, un cousin
du groupe monstre. |
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En physique, la théorie de la relativité introduit une
quatrième dimension: le temps qui doit être vu à un coefficient près (la vitesse de la lumière), comme une
distance. Dans l'espace-temps, il
existe un invariant reliant les quatre dimensions: x² + y² + z² - ct² = H² Une sorte de généralisation
du théorème de Pythagore. |
La taille de la porte dépend de la l'ouverture de la porte, pourtant
c'est toujours la même porte. Voir Analogie de la porte entr'ouverte |
La mécanique quantique
cherche à modéliser le monde microscopique des atomes, des électrons, des quarks, des cordes … Les physiciens n'hésitent
pas à se plonger dans des mondes à onze dimensions comme c'est le cas pour la
théorie des super-cordes. |
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Quatre dimensions
D'une manière
générale, quatre dimensions impliquent quatre grandeurs, quatre degrés de liberté, pour définir quelque
chose. Par exemple,
ajouter
le temps aux trois directions habituelles, sans même parler de relativité.
ajouter
la température aux trois coordonnées de l'espace: longitude, latitude et
altitude. Ou la pression ou l'hygrométrie… Ou plusieurs à la fois.
former
une base de données relative à des individus ou à des objets, précisant
quatre caractéristiques ou plus.
etc. |
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Platon (-428 à -348) |
Avec son mythe de la
caverne, Platon projette un monde
tridimensionnel sur un mur bidimensionnel. |
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Aristote (-384 à -322) |
Aristote imagine la ligne, le
plan et le solide et rien d'autre au-delà. Idée qu'on doit se
faire des grandeurs; la ligne, la surface et le solide; idée qu'on doit se
faire de l'univers et de l'ensemble des chose (Du Ciel). |
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Ptolémée (-150) |
Ptolémée tente de prouver que la
quatrième dimension n'existe pas |
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St Paul (Vers 8 à 64) |
Saint Paul cite
quatre grandeurs. En sorte que (…)
vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur,
et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, … Lettre de saint Paul aux Éphésiens 3:17à19. |
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Oresme (1320-1382) |
Oresme invente le système de coordonnées.
Il y en a trois, mais pas quatre. |
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Cardan (1501-1576) |
Cardan pense qu'il n'y a pas d'objet
représenté par la puissance quatre. La positio (la
première puissance) correspond à une ligne, le quadratum (le carré) à une
surface, and le cubum (le cube) à un corps solide, la nature ne permet pas
d’aller au-delà. |
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Viète (1540-1603) |
Viète n'hésite pas à traiter les équations d'ordre supérieur à 3, alors
qu'il n'y a pas de contre partie géométrique. |
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Clavius (1538-1612) |
Clavius tente de démontrer
qu'il n'existe pas plus de trois perpendiculaires entre elles
dans l'espace, comme les trois arêtes d'un
cube issues d'un même sommet. |
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More 1614-1687 |
Le premier philosophe à
imaginer le concept de quatrième dimension. Dans son livre L'immortalité de l'âme, il introduit
cette dimension (the spissitude) pour y loger l'âme, l'esprit. |
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Wallis (1616-1703) |
Wallis constate que l'algèbre est
indépendante de la géométrie. On ne peut
multiplier un cube par son côté.
Il en conclut que l’algèbre, autorisant des puissances quelconques, repose
sur l’arithmétique et non sur la géométrie. Il qualifie les
dimensions supérieures de monstres de la nature, moins vraisemblables que les
chimères ou les centaures. |
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Kant (1724-1804) |
Kant postule que l’espace
avec ses caractéristiques est une propriété de notre conscience et non du monde extérieur. Ni l'espace, ni le temps, ne peuvent être réellement perçus.
Ce sont des éléments que les humains utilisent pour structurer leurs
expériences. |
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D'Alembert (1717-1783) |
D'Alembert prétend que le temps
est une quatrième dimension. On dit qu'il n'est
pas possible de concevoir plus de trois dimensions. Un homme d’esprit de ma
connaissance croit qu’on pourrait cependant regarder la durée comme une
quatrième dimension. Mais c'est aussi une sensation. |
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Lagrange (1736-1813) |
Lagrange aussi pense que le temps est
une quatrième dimension. Dans son livre:
Théories des fonctions analytiques (1797). |
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Moebius (1790-1868) |
Moebius découvre que l'image dans
un miroir est obtenue par une rotation de l'original dans un espace à quatre
dimensions. Première
utilisation mathématique de cette dimension. |
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Fechner (1801-1887) |
Livre: L'espace a quatre dimensions (1846), une partie de Quatre paradoxes Utilisation de créature 2D,
non conscience de la 3D, et de la projection de leur ombre. Le temps est leur
troisième dimension |
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Sylvester (1814-1897) |
Sylvester utilise les matrices
pour étudier les géométries à plusieurs dimensions. Il introduit le
terme matrice en
1850 (du latin mater). |
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Cayley (1821-1895) |
Livre de Cayley: Géométrie analytique à n dimensions |
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Riemann (1826-1866) |
La
géométrie de Riemann est un
espace 3D sphérique. Par ailleurs, il a conçu une théorie des géométries non euclidiennes à
n dimensions (Célèbre conférence du 10 juin 1854: une nouvelle
géométrie est née). Cette
mystérieuse géométrie va susciter l'intérêt des philosophes, des écrivains et
des artistes des décennies suivantes. Soixante ans plus tard, c'est Einstein qui va en faire usage pour
modéliser sa théorie de la relativité.
Après une
analogie avec un monde 2D, Riemann passe à notre monde 3D. Il conclut que l'électricité, le magnétisme
et la gravité sont dus au
"froissement" de notre univers
3D dans un espace à quatre dimensions. La force n'existe pas par
elle-même; elle est l'effet apparent engendré par une distorsion géométrique. Il introduit 16
nombres (tenseur métrique) dont 10 sont
indépendants pour caractériser une surface en 4D. Cet outil puissant lui
permit de généraliser aux dimensions supérieures. |
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Hinton Howard (1853-1907) |
Le grand philosophe de
l'hyperespace, le pionnier, connu pour ses écrits sur la quatrième dimension. Il explique la
construction de l'hypercube avec 27 cubes colorés. (Gendre du
mathématicien George Boole). |
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Slade Henry (1877) |
Un célèbre procès (1877) qui
popularisa la quatrième dimension. D'éminents
scientifiques (Rayleigh, Thompson, Weber, Crookes...) défendaient l'accusé en
prétendant que ses forfaits faisaient appel à des esprits logés dans la
quatrième dimension. |
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Abbott (1884) |
Flatland (le pays plat),
célèbre livre qui raconte le voyage d'un carré dans les dimensions
supérieures. Aussi une satire
de la société victorienne et de la condition de la femme. |
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Poincaré Henri (1854-1912) |
Poincaré (1905) jette les bases
mathématiques de la relativité en introduisant un espace vectoriel à quatre
dimensions. Il
reformule la transformation de Lorentz. C'est à partir des idées de Cayley,
Hertz, Lorentz, Poincaré, Einstein et Planck
que le mathématicien Hermann Minkowski élaborera la théorie de
l’espace-temps, élément essentiel de la découverte par Einstein de la théorie
de la relativité générale. Dans les articles que j’ai précédemment consacrés à l’espace, j’ai
surtout insisté sur les problèmes soulevés par la géométrie non-euclidienne,
en laissant presque complètement de côté d’autres questions plus difficiles à
aborder, telles que celles qui se rapportent au nombre des dimensions. Toutes
les géométries que j’envisageais avaient ainsi un fond commun, ce continuum à
trois dimensions qui était le même pour toutes et qui ne se différenciait que
par les figures qu’on y traçait ou quand on prétendait le mesurer. Henri Poincaré, Valeur de la Science |
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Artistes |
1895 –
H.G. Wells – La machine à explorer le temps. 1900 –
Maurice Princet, le mathématicien du cubisme, introduit le concept de quatrième
dimension dans l'art, profitant des travaux de Poincaré. Il fait partie de
l'école de Paris (Bateau-Lavoir à Montmartre) avec d'autres comme Pablo
Picasso, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Jean Metzinger, Marcel Duchamp … 1912 –
Albert Gleizes et Jean Metzinger – Livre: Du cubisme avec référence aux
travaux de Riemann. 1912 –
Marcel Duchamp – Tableau: Nu descendant un escalier. 1953 – Salvador Dali – Tableau: Corpus
hypercubus (Crucifixion). Ci-contre Vous trouverez
ce sujet développé en Quatrième
dimension (art) |
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Suite |
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Voir |
Géométrie
– Index Géométrie
– Les trois géométries Topologie – Index |
DicoNombre |
Nombre 2 Nombre 3 Nombre 4 |
Flatland (1884) – Edwin Abbott Abbott – E-book gratuit
La
quatrième dimension- Voyage dans les dimensions supérieures – Thomas
Banchoff – Pour la Science Belin – 1996
Visualiser
la quatrième dimension – François Lo Jacomo – Vuibert – 2002 Geometry, relativity and
the fourth dimension – Rudolf v. B. Rucker –
Dover Publications – 1977
A Visual Introduction to the Fourth Dimension (Rectangular 4D Geometry) – Chris McMullen –
2013
Hyperspace: A Scientific Odyssey through the 10th
dimension - Michio Kaku – Oxford
University Press – 1994 – En consultation
partielle
The Fourth Dimension and Non-Euclidean Geometry
in Modern Art – Linda Dalrymple
Henderson – Leornado Book Series) – 2013 |
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Sites |
La taupe et les polytopes –
Images de maths (CNRS) – Arnaud Chéritat
Les
dimensions dont la quatrième dimension – Openclassrooms (pdf)
Henri Poincaré et
l'espace-temps conventionnel – Scott Walter – 2008
Le pays des
merveilles géométriques (pdf) – Philippe Huck
Multi-Dimensional
or Hyper-Dimensional Geometry – Miquel.com – Pour les visualisations et animations
3D et 4D. Quatrième
dimension (art) – Wikipédia Fourth dimension
in art – Wikipedia HyperSpace, User Manual
– Paul Bourke |
Vidéo |
Comment
visualiser un espace en 4D au travers de 4 espaces en 3D, illustré par
l'outil en ligne Tak4D
TAK4D – Visualisation de
la quatrième dimension –Jeff Bigot
TAK4D - 4D visualization -
3D chirality demo –Jeff Bigot |
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